26 MAI > 13 AOÛT 2022

GABRIELLE DUPLANTIER

SÈTE #22

© Gabrielle Duplantier / Galerie127
© Gabrielle Duplantier / Galerie127

ImageSingulières invite chaque année un ou une photographe en résidence à Sète et sur le pourtour du Bassin de Thau pour réaliser une carte blanche sur le territoire et ses habitants. Pour l’édition 2022, c’est la photographe française Gabrielle Duplantier qui a été choisie.

La couleur des sentiments.

[…] Comme, y compris en noir et blanc, les photographes « écrivent avec la lumière », des territoires comme Sète, où l’intensité lumineuse est généralement forte et où les ombres portées sont marquées, entraînent généralement des images contrastées. Ce qui frappe alors avec la proposition de Gabrielle Duplantier […] c’est la subtilité développée dans la gamme chromatique. Il y a là non seulement des gris savants, étagés, vibrants, souvent sensuels, autant sur les peaux que sur la nature, mais également une profondeur de détails dans les noirs et dans des blancs presque purs – rares – des modulations souples. Cette richesse de traitement construit une ambiance qui nous amène vers des rencontres douces, des perspectives harmonieuses, une absence de construction a priori qui frise parfois avec l’étrangeté.

Rétive à la ville – la grande ville est pour elle impossible – Gabrielle Duplantier a trouvé à Sète un espace à sa mesure. Un espace qu’elle peut parcourir à pied, à son rythme, en scrutant les lumières, en ayant – et en prenant – le temps des rencontres. Qu’il s’agisse d’une fillette, d’un couple d’adolescents, de gamins dont la beauté l’arrête, d’une jeune fille comme une poupée dans la rue, d’une femme africaine d’une grande beauté, mais également d’un chien croisé sur fond de mur meurtri, d’une structure suspendue au-dessus de l’étang, ou bien d’un cactus, d’un arbre aux branches devenues sculptures grises et même de la mer qui vibre, c’est à un nuancier des gris, du plus profond au plus léger, que nous invite cette promenade. Car il ne s’agit ni de décrire, ni d’expliquer, ni de donner à connaître. Simplement de partager l’écho mis en forme de surprises aimées, d’étonnements qui touchent. Fidèle à une forme d’artisanat autant qu’à sa prise de vue en argentique qui offre une matière unique qu’elle retravaillera jusqu’à obtenir une interprétation – qui pourrait être différente à un autre moment et dont elle doute toujours – Gabrielle Duplantier fabrique un monde qui n’est pas seulement « son » Sète subjectif mais plutôt un catalogue poétique, pas trop organisé, des sensations qu’elle a éprouvées sur un territoire inconnu d’elle et baigné de lumières qui ne sont pas celles qu’elle affectionne habituellement. C’est avec une apparente facilité et avec une évidente liberté, sans but avoué, sans projet construit qu’elle se meut dans ce territoire, qu’elle l’interprète comme on déploie une petite musique, de nuit, de jour, à tout moment de la journée, en variant les distances, aux gens comme aux espaces, en travaillant plus que tout la matière de l’image. Une matière vraiment photographique qui, dans des cadres jamais forcés, peut facilement insuffler une respiration calme, juste rythmée de quelques profondeurs absolues de noir et de quelques stridences de blanc. Pour laisser toute leur place aux gris.

Avec Gabrielle Duplantier, le noir a la couleur des sentiments.

- Christian Caujolle

La résidence est soutenue par

La Ville de Sète, la DRAC Occitanie, la Région Occitanie / Pyrénées – Méditerranée, Sète Agglopôle Méditerranée, le Fonds de dotation Art, Culture et Patrimoine et le Laboratoire Photon.

LA PHOTOGRAPHE > GABRIELLE DUPLANTIER

Gabrielle Duplantier est une photographe française née en 1978. Après des études en Arts Plastiques puis en Histoire de l’Art, elle s’investit seule dans la pratique de la photographie. Depuis ses premiers pas de photographe, elle parcourt et reparcourt les mêmes lieux familiers, le Pays basque, le Portugal ou l’Inde. Paysages étranges, instants crépusculaires, portraits puissants et fragiles, Gabrielle Duplantier poursuit l’affirmation, inquiète en même temps qu’obstinée, de son point de vue de sujet, moins attaché à figer la réalité qu’à lui réclamer un droit de regard.
Son travail fait l’objet de nombreuses expositions et publications en France et à l’étranger. Elle a publié deux livres aux éditions lamaindonne, « Volta » (2014) et « Terres Basses » (2018). Gabrielle Duplantier est aujourd’hui représentée par la Galerie 127.

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